Je pense que tu pourrais commencer par te dépuceler de la bouche.
Après "La maman et la putain" qui m'avait beaucoup plu, je me suis décidé à poursuivre l'exploration de la filmographie de Jean Eustache avec "Mes petites amoureuses". Ce film s'inspire de l'enfance du réalisateur, qu'il passe dans la campagne bordelaise et Narbonne. On suit les pérégrinations de Daniel, qui vit une enfance insouciante chez sa grand-mère, entouré de ses copains. Mais il doit vivre de nouveau chez sa mère et son compagnon à Narbonne, et se retrouve à travailler comme apprenti mécanicien avant qu’il ait pu rentrer au collège. Sous l'influence de ses nouveaux amis, bien plus âgés, il vit ses premiers émois amoureux avec les filles du quartier.
La vieille avait-elle vu quelque chose ? Elle fuyait comme si elle avait vu le diable. (Daniel, après avoir caressé sa fille)
On voit des enfants qui fument des tiges, et sont souvent livrés à eux mêmes. Ils s’expriment dans un langage fourni, mais d’une manière tellement monocorde que ça en est irritant. La mère qui ne semble pas s'occuper beaucoup de son fils Daniel est jouée par Ingrid Caven, et c'est bien la seule que j'ai trouvé convaincante, malgré le fait que les femmes ont très peu de place dans ce film. Elle sont très souvent reléguées à des rôles assez misérables. Pieuses ou légères, j'ai eu le sentiment qu'Eustache les décrivaient pleines de malice. Ou alors complètement soumises, comme lors de la scène dans le train avec la fille passive qui se laisse embrasser par deux garçons.
J'ai vraiment été déçu par ce film, que j'ai trouvé très mal joué. J'ai remarqué de nombreux raccords patauds entre les scènes et les dialogues ne m'ont pas convaincus. Le caractère autobiographique m'est apparu superflu et rétrograde en ce qui concerne la place de la femme dans les histoires amoureuses. Sans aller jusqu'à dénoncer une "culture du viol", j'ai quand même eu le sentiment que les femmes subissaient beaucoup trop les pulsions masculines...