What’re you doing to that lady’s butt ? (Un cycliste)
Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu Johnny Ryan. A l'époque de ma découverte de l'auteur dans le magazine Vice, ses comics trash me faisaient hurler de rire. Le ton outrancier mais comique me plaisait énormément, même si "Prison Pit" m'avait pas mal déçu car plus sérieux et moins drôle que "The Comic Book Holocaust" ou "Angry Youth Comix". J'ai chopé "Fatcop" sur les réseaux. Cet ouvrage de 2024 faisait écho à "Cops", la collaboration avec Frédéric Fleury, une violente charge anti-flic dont j'ai gardé l'exemplaire. La présente bande dessinée suit les aventures de Fatcop, un flic obèse ripou qui agresse sexuellement des femmes, violente les cyclistes et mange comme un porc, mais qui finit toujours par retomber sur ses pattes et résoudre ses enquêtes.
Gimme a Big Tex… medium spicy… I’m also gonna need some tender strips, and the mexicana sandwich. Six jalapeno bombers, wild west rice… and gimme some of those Oreo biscuit bites. Oh and what the fuck… gimme a large gravy. (Fatcop)
Le livre est un gros prétexte pour dessiner des bites, de la merde et du gore. Le tout dans un langage cru et sans filtre. Fatcop est présenté comme un porc antisocial, un "vigilante" à la Charles Bronson qui serait plus dégueulasse, plus tordu et vulgaire. Il est chargé de démanteler une secte sataniste qui séquestre des enfants. Mais ses méthodes sont plus que douteuses et sa supérieure hiérarchique, la captaine Yang, lui impose un partenaire, l'officier Pete Rick. Ce dernier est le prototype du flic sportif et sain de corps. Il tente de faire maigrir Fatcop en lui faisant faire du sport et manger des salades de quinoa. Mais FC est indécrottable et ne peut pas s'empêcher de se gaver de junk food. Incapable de s'adoucir et de coopérer avec Pete Rick, il mène son enquête sans transiger. Ça chie et ça saigne dans tous les sens et les mutants accentuent le côté série Z de l'ouvrage. Fatcop et Pete Rick meurent à la fin, juste rétribution de leurs exactions, mais la fille mutante le venge.
Hiya Fatcop. How’s it going ? (Preston)
Fuck you Preston. (Fatcop)
L'ouvrage est brûlot contre la décadence des États-Unis. J'y vois, malgré les scènes porno et gore, une critique virulente du mode de pensée américain. Bien que le caractère outrancier des scènes reste totalement jubilatoire - ce qui caractérise le travail de Johnny Ryan dans sa globalité - il y a pourtant quelque chose de glauque dans certaines scènes qui diminue parfois le sens comique du récit. Je reste très perméable à cet humour, mais je constate aussi que j'ai aussi maturé mon appétence comique. Le dessin est grossier et sommaire, comme d'habitude chez Johnny Ryan, mais permet aussi de renforcer le comique des scènes. Un graphisme plus réaliste et travaillé n'aurait pas la même intensité dans la drôlerie. Je ne lis de toute façon pas Johnny Ryan pour sa maîtrise graphique.