Petit Rouge

La Tour - Schuiten & Peeters

02/02/2025

TAGS: schuiten, peeters, bd

Recommandé par un ami. Je n’avais encore jamais lu "Les Cités obscures", dont j'avais pourtant largement entendu parler.

Sacré métier que celui de mainteneur ! La construction est bonne. Je ne mets pas en doute sa qualité. Mais les années qui passent rendent les choses plus difficiles. (Giovanni)

Giovanni est l'un des nombreux mainteneur d'une tour sans limite connue. Fatigué d'attendre que l'inspecteur réponde à ses requêtes pour obtenir du support, il décide un jour de partir à sa recherche. Une fois arrivé dans ce qui semble être une cité animée au sein même de la tour, il rencontre Elias Aureolus Palingenius, gardien d'une connaissance sur celle-ci, et la jeune Milena dont il va tomber amoureux. Elias va l'initier aux secrets de sa construction, de la même manière que le ferait un franc-maçon. Reprenant son ascension avec Milena, il réalise au-delà des nuages qu'elle a été inachevée et laissée à l'abandon par ses initiateurs.

Cet ouvrage intriguant brasse de nombreuses influences: on pense à Kafka pour l’absurdité dans la création d’une tour de Babel qui s’est perdue dans sa construction, avec son administration chaotique et une finalité obscure. L'ouvrage semble prendre comme point de départ un hommage à un tableau de Pieter Brueghel l’ancien, intitulé "La tour de Babel". D'après les notes finales du receuil, Giovanni est largement inspiré de Falstaff, un personnage comique imaginé par Shakespeare, et tient son nom du peintre Giovanni Battista Piranesi, dont les tableaux architecturaux ont aussi fortement inspiré Schuiten pour les innombrables décors détaillés de la tour. Mais au-delà des influences et hommages, cette bande dessinée vit aussi par elle-même en tant qu’œuvre autonome et iconoclaste.

Bien que j'ai eu du mal à rentrer dans cette bande dessinée, ce qui tenait à un léger détail de clarté dans la petite typographie en italique utilisée, rendant ma lecture difficile, j'ai fini par énormément l'apprécier au fil des chapitres. Car l'immense travail dans le détail graphique force l'admiration, mais l'intriguant scénario de Peeters et sa fin absurde, qui ne propose pas de dénouement très évident, l'est tout autant. L’intégralité de l’ouvrage est d'ailleurs empreint de mystère. Porte d'entrée admirable dans l'univers de ces "cités obscures" par sa maîtrise graphique et scénaristique, je compte bien m'attaquer aux autres volumes de la série à l'avenir.