Très étrange bande dessinée de 2014, réalisée par un auteur de mon enfance. On y suit Olga, qui arrive dans la ville citadelle de Kemlö pour prendre un poste d'enseignante et fuir son passé. Accusée à tort d'un crime qu'elle n'a pas commis, elle se retrouve de nouveau dans la tourmente. Mystérieux et oppressant, le récit évoque un cauchemar sans réelle fin. On ne sait pas avec certitude ce qui arrive à Olga à la toute fin du récit. Va-t-elle trouver la mort comme attendu, tout en haut de la citadelle ? Sera-t-elle sauvée par le garde censé la tuer ? Il n’y a pas d’explication sur la trahison et la manipulation de Denise sur Olga qui expliquerait l'issue finale.
Que penser du dessin ? Michel Conversin à un style bien à lui, qui est bien plus réaliste que le dessin jeunesse qui me l'a fait connaître avec Kid Mallory dans le magazine Mikado. Les décors sont très détaillés et le monochrome renforce l’idée de Kemlö comme une citadelle menaçante. Ils me rappellent "Les Cités obscures" de Schuiten. Mais le dessin des personnages ne m’a pas toujours convaincu. Il y a parfois quelque chose chez eux qui frise la bande dessinée érotique de mauvais goût. Les phylactères sont rares, et seules les descriptions de la narratrice Olga accompagnent le récit. La structure des planches est identique: six longues cases qui permettent à l'auteur de laisser libre cours à son imagination et à sa maîtrise graphique. Conversin puise son inspiration dans le cinéma et la littérature: on pense notamment à Kafka pour la condamnation arbitraire. J'ai lu cette bande dessinée d'une traite, happé par le mystère de Kemlö, malgré les quelques défauts évoqués.