Petit Rouge

In China - Sascha Hommer

17/11/2024

TAGS: hommer, bd, document, chine

Je possède cette bande dessinée depuis des lustres. Je l’avais initialement lue en français, puis achetée en allemand avec l'intention de me forcer à pratiquer de nouveau cette langue que je maitrise si mal. Sascha Hommer y fait un compte rendu d’un voyage à Chengdu, dans le Sichuan, de juin à septembre 2011. La couverture pleine de gris montre la pollution et la tristesse bétonnée de la ville.

Du hast glück. Es gibt nicht viele sonnentage in Chengdu (Karl)

Pourquoi Hommer arbore-t-il un masque de chat ? Pour signifier qu’il est un étranger, un touriste dans ce pays ? Il cherche un logement pour quelques mois. En attendant d'en trouver un, il crèche chez ses amis Karl et Linda. Il redécouvre une ville en pleine mutation, lui qui n'y avait pas été depuis 2005. Ce document me parle car j'avais moi-même, lors d'un voyage à Shanghai, été frappé par le développement anarchique de la ville, la saleté, la surpopulation. C'est plus ou moins le contenu de cette bande dessinée. Hommer semble davantage fasciné par la Chine que je ne l'ai été à l'époque. Chaque chapitre démarre par une référence bibliographique qui témoigne de son intérêt pour ce pays. Je suppose que l'auteur Hambourgeois a souhaité confronter le mythe chinois à la réalité. Sont cités "Le Lotus Bleu" de Hergé, Marco Polo ou "La Cité des chats" de Lao She.

Mit Kakerlaken ist es etwas anderes. Man hat einen natürlichen ekel vor ihnen. (Un type)

Chengdu est une ville infestée de rats et de cafards, où les chinoises feraient tout pour obtenir un mari occidental. La pollution est si forte qu'on y voit rarement le soleil. Le choix du monochrome sied bien à la grisaille de la ville, telle que je l'avais moi-même perçue à Shanghai. Linda vit à Chengdu depuis longtemps, et elle exprime plus facilement son ras-le-bol de la ville: elle en a marre de la pollution, du béton, des blattes et des rats.

Würg… es wird zeit, dass wir diese Stadt verlassen (Linda)

J’adore le dessin de Hommer. Son graphisme, son usage si subtil du monochrome. Il effectue des transitions intéressantes entre personnages cartoon et dessins plus réalistes. Son récit semble factuel, même si mon niveau d'allemand ne m'a pas permis de comprendre la moitié du texte. Hommer m'a donné envie de m'intéresser aux ouvrages qu'il a lu (en particulier cet ouvrage de Lao She mentionné plus haut). La Chine est un pays fascinant, même si j'en suis aussi un peu dégoûté. Le développement de la ville présenté dans "In China" est inquiétant: il semble davantage déshumaniser ses habitants que de les épanouir. Ce témoignage est à conserver. Non seulement pour le dessin si séduisant de Hommer et son contenu, mais aussi pour son côté énigmatique, limite puzzle, vu que je ne comprends jamais tout à chaque fois que je souhaite le relire...