Nicola et Piero sont deux amis d'enfance qui voient arriver dans leur quartier d'Italie une jolie fille nommée Lucia. Ils vont rapidement tomber amoureux d'elle et se déchirer pour obtenir son amour. Ce triangle amoureux sépare les protagonistes et on suit leurs pérégrinations d'Oslo au Caire, avec les séparations et douleurs amoureuses qui rythment la vie de tout un chacun. Lucia abandonne son mari norvégien suite à une insatisfaction générale pour au final retrouver Piero, qui s'est lui aussi construit une vie de famille. Le dernier moment du récit décrit la vengeance amoureuse de Nicola sur Piero, qui s’est longtemps senti mis à l’écart par Lucia. Cette dernière, qui semble particulièrement instable émotionnellement, le paie très cher en réalisant qu'elle n'est plus aussi attirante que dans sa prime jeunesse. Il y a de la part de Fior quelque chose d’assez mesquin lorsqu’il fait vieillir et grossir Lucia comme pour venger ces hommes au cœur trahi. Cela m'a rappelé Ronsard et le poème à Hélène.
C'est plutôt joliment dessiné. Ce sont surtout les couleurs à l’aquarelle qui sont époustouflants. Ils précisent les lieux, froids à Oslo et chaleureux au Caire et en Italie. Mais j'ai pourtant eu du mal à comprendre pourquoi cette bande dessinée à reçu un prix à Angoulême en 2011, car je n'y ai pas trouvé d'originalité particulière, à la fois dans le récit et le dessin. C'est sympathique et ça se lit rapidement, mais sans plus. Il n'y a pas particulièrement de nouveauté dans le traitement du triangle amoureux entre les trois protagonistes. Je n'ai pas non plus saisi la pertinence du sujet lors de la description d'une jeunesse en manque de repères, notamment sur le plan émotionnel. Graphiquement, malgré le travail sur la couleur qui est maîtrisé, je n'ai pas non plus été emballé ici par le trait de Fior. J'avais été davantage séduit par "Hypericon" sur la forme et le fond, mais je ne suis pas certain de continuer à suivre cet auteur à l'avenir.