Je ne porte pas Charlie Hebdo dans mon cœur. Je pense qu'ils ont largement œuvré pour l'installation d'un climat d'islamophobie en France. Certaines unes du journal n'étaient pas toujours très subtiles. Et je crois que les attentats qui en ont frappé les collaborateurs, bien que dramatiques, n'ont pas arrangé la situation. Mais personne ne peut pour autant justifier la violence subie. J'ai choisi de revenir sur ces tristes évènements avec cette bande dessinée de Luz, qui trônait dans la bibliothèque de ma compagne.
J’en peux plus ! Je suis tellement triste. J’en ai marre de cette tristesse. J’en ai…
Il y a donc une grande tristesse dans ces courtes scènes post attentat. C'est palpable, l'émotion est bien retranscrite. Luz doit beaucoup a sa femme, qui l'a soutenu dans cette épreuve. Il n'est cependant pas question ici de prendre du recul sur les causes du drame. Ce n'est pas l'objet du livre: il est essentiellement question de mettre à plat les sentiments de l'auteur. Concernant le dessin, Luz m'est toujours apparu comme un tâcheron qui ne semble pas être capable de s’appliquer sur ses illustrations. Et on a vraiment affaire a du gribouillis dans ces pages de papier gâché. Mais il devait y avoir cette urgence de dessiner, avec la douleur du deuil. Luz n’était d’ailleurs, selon ses mots, pas capable de reprendre le crayon après les attentats. C’est donc vraiment mal dessiné, presque indigne d’être paru chez Futuropolis. Luz parvient néanmoins à susciter de la compassion. Il a perdu des amis très chers et a été le témoin d'une horreur sans nom qui justifie pourtant cet album.