Ouvrage ayant l’air anecdotique et secondaire dans la production de Patrick Kyle, et que j'ai tardé à lire, mais qui avait retenu mon attention pour la profusion de détails dans les formes abstraites. Là où j'avais trouvé que "The Death of the Master" décevait complètement par le minimalisme dans l'économie du trait qu'il exposait. On suit dans "Roaming Foliage" les aventures d'êtres humanoïdes: une femme, une tête et une citrouille. Ils recherchent l'aide de Rotodraw pour confectionner une veste magique pour la tête, à la recherche d'un corps.
Inside the house lived Rotodraw - a humanoid robot created by humans over 500 years ago. He has now outlived humans. Rotodraw can make anything out of anything.
Mais Rotodraw n’est plus aussi précis qu’avant et n'arrive plus à confectionner la veste magique supplémentaire, à l'image de celle de la femme. Il est à court d’un champignon qui lui permet d’être efficace. Les trois amis partent donc à la recherche de celui-ci dans un jardin magique. L’histoire m'a immédiatement fait penser à un RPG, où les protagonistes ont une quête et doivent s’allier pour la réussir, tout en gagnant en expérience. Typiquement la tête s'augmente d’un corps au contact d’un monolithe. Et la veste de la fille, conçue par Rotodraw, lui confère des pouvoirs.
No one ever asks me anything because I’m only a pumpkin, but I know a lot about a lot of things.
L'absurdité des situations me plait toujours autant chez Kyle. Il passe du coq à l'âne en permanence et interpelle même directement le lecteur en lui demandant par exemple de se regarder dans le miroir pour provoquer une interactivité avec l’histoire et les protagonistes. L'imaginaire que Kyle déploie ici est à la fois fantastique et écologique. Fantastique car il fait appel a des artéfacts magiques ou à des éléments de science-fiction. Écologique car les protagonistes évoluent en harmonie dans une nature foisonnante et vivante.
It’s true - I’m not a robot at all. I’ve been a human this whole time. (Rotodraw)
Finalement même si les compagnons finissent après moult péripéties par trouver le champignon, Rotodraw se retire du monde sans l'utiliser pour se régénérer, considérant avoir fait son temps sur Terre.
Hmm… is it magic or is it science ?
L'histoire s'achève dans un final abstrait comme seul Kyle en est capable, et qui m'a rappelé la fin de "Black Mass". L'ouvrage est un prétexte pour dessiner des formes abstraites. Et ce qu’il produit est unique: son style graphique est inimitable. Cela semble facile: on dirait parfois des dessins d’enfants. Et les formes parsemées dans les planches semblent disposées de manière aléatoire, comme s'il dessinait de manière automatique. Mais l’ensemble forme un tout cohérent et sied bien à la description anarchique de ce "feuillage errant" dans lequel évoluent les personnages. Je suis ravi d'avoir gardé cet ouvrage qui appelle à plusieurs relecture.