J'ai trouvé cette bande dessinée dans une boite à livre et je l'avais suffisamment remarquée depuis sa parution en 1993 (initialement dans le fanzine Dirty Plotte) pour m'y atteler un jour. Il me semble avoir vaguement lu un de ses ouvrages par le passé (L’affaire madame Paul ?), mais je n'en ai gardé aucun souvenir. Ce qui frappe immédiatement d'un point de vue visuel, c’est le grand usage d’encre de Chine. Les tons sont très sombres, mais cela ne gâche en rien la lisibilité du dessin. C’est un bon exemple de ligne crade, celle de Charlie Schlingo, Vuillemin et Mattt Konture (lu récemment dans la même collection Mimolette de l'Association que cet ouvrage).
Monkey, une petite chatte, a une drôle d’obsession pour les pénis. Elle se met à la recherche de Living Dead, un chat mort vivant aux attributs apparents, qui lui a tapé dans l’œil. Harry, le vieux gérant d’un magasin de lavabos, remarque sa lubricité et l’envoie chez Clitofun. Mais elle s'y fait abuser par son dirigeant pervers, qui l'utilise dans ses spectacles pornographiques. Après s'être enfuie, sa mère Charlotte, qui vient d'accoucher de petits chatons, la retrouve jouant avec le sexe de Living Dead et chasse ce dernier à coup de pieds.
Allo ? Hey Harry ! Je… Quoi ? Une petite chatte ? Elle veut s’faire mettre ?… Ha ha ouais t’as bien fait ! Absolument !… Oh boy !… C’est ça… Bye
C’est un délire un peu con. Un prétexte pour dessiner du cul. Ça se prend pas au sérieux et ça a dû faire sensation en son temps par sa liberté de ton, à une époque où la bande dessinée underground n'était pas encore canonisée. C'en est presque avant-gardiste: il ne devait pas y avoir beaucoup d'autrices qui faisaient preuve d'un esprit aussi débridé. Mais c’est quand même pas fou. Cela dit j’apprécie le trait de Doucet et son séquencement narratif. C’est dynamique, ça se lit très vite (mais cela tient au fait que c’est aussi un ouvrage très court). On ne peut pas reprocher à Doucet un manque de talent. Contrairement aux bande dessinées féministes plus récentes que j'ai pu lire ou entrevoir, c'est plutôt bien dessiné. Je n'ai pas été complètement convaincu, mais je resterai quand même à l'affut d'une bonne occasion pour continuer à explorer son œuvre.