Petit Rouge

La Cicatrice intérieure - Philippe Garrel

12/01/2024

TAGS: garrel, cinéma

Ce film expérimental de Philippe Garrel sorti en 1972 trainait dans mon disque dur depuis longtemps, et je n'avais jamais trouvé le courage de le regarder. Écrit à quatre mains avec Nico, qui a été la compagne du réalisateur pendant un moment, j'avais entraperçu qu'il était largement contemplatif. Alors, ça se pignole ou pas ?

Constitué de plusieurs scènes qui ne semblent pas toujours très corrélées entre elles, le film démarre avec une femme jouée par Nico, assise au bord du chemin, qui se fait récupérer par un homme muet. "Janitor of Lunacy" de l'album Desertshore de Nico accompagne les premières séquences, tournées de manière circulaire ou linéaire dans un désert. Nico ne joue pas super bien. Elle hurle au désespoir, ce n'est pas très crédible. Garrel a probablement voulu donner un ton dépressif aux premières scènes, qui ne m'a pas particulièrement convaincu. Ari Boulogne est le petit garçon qui mène la femme, assise sur un cheval, dans un désert enflammé. Les scènes sont par contre plutôt jolies: tourné entre 1970 et 1972 un peu partout dans le monde, au Nouveau-Mexique, en Islande, en Italie et en Égypte, on sent que ce film repose beaucoup sur l’âpreté des lieux pour créer son atmosphère si particulière.

Il y a donc un refus du schéma narratif classique de la part de Garrel. Mais qu'est ce qu'il cherche à dire avec ce film ? Je crois qu'il n'y a rien à comprendre: le film m'est apparu comme un prétexte pour illustrer la musique de Nico et créer une ambiance dans des endroits désolés, coupés du monde extérieur. Heureusement, ce film est très court (une cinquantaine de minutes), et peut se laisser regarder comme fond sonore et visuel. Je ne l'ai donc pas regardé attentivement, et je suis peut-être passé à côté de quelque chose d'essentiel, mais j'avoue être parti sceptique dès le départ. Les dialogues, apparemment improvisés par Nico, n'apportent pas grand chose à la compréhension du film: je crains qu'il n'y ait que peu d'intelligence à relever. Apparemment culte, "La Cicatrice intérieure" me semble illégitime, même si je suppose de belles intentions initiales: un film ne doit en effet pas nécessairement être construit avec un schéma traditionnel et linéaire. Mais comparé à d'autres films expérimentaux que j'ai pu visionner par le passé, je n'y ai rien vu de très pertinent pour alimenter une quelconque réflexion. "El topo" de Jodorowsky, paru en 1970, donc à peu près à la même époque que ce film, m'avait déjà davantage percuté: j'y avais décelé une symbolique, un peu hermétique certes, mais qui témoignait à mon sens d'une volonté de communiquer quelque chose au spectateur et à l'amener vers davantage de réflexion. Je n'ai donc pas été convaincu par le film de Garrel et je ne suis pas sûr de trop vouloir m'intéresser davantage à sa filmographie dans le futur...