J'avais été séduit par Hypericon, ma première lecture de Manuele Fior. Je me suis donc empressé de choper le reste de son œuvre et de m'y atteler. "Les variations d'Orsay" débute par une série d'anachronismes. Comme pour suggérer l'actualité du sujet. Car il s'agit ici d'une rêverie constituée d’anecdotes sur les peintres impressionnistes qui ont été consacrés bien plus tard au Musée d'Orsay. On dirait d'ailleurs une commande de ce même musée. Ces peintres souhaitaient bousculer les conventions et redonner du sang neuf à une arrière-garde dépassée par son époque. C'est en cela que ce renouvellement artistique reste d'actualité. C’est un très bel hommage au musée et à tous les artistes qui y sont exposés. Fior se moque de respecter une quelconque chronologie. Et cela rend l'ouvrage difficile à résumer, car il n’y a pas vraiment d’histoire, mais plutôt une succession décousue de scènes qui montrent les artistes tenter de se faire une place dans l'art pictural. Cette bande dessinée est-elle une improvisation de l’auteur ? Il y a une maîtrise dans le dessin qui fait que je n’imagine pas que Fior en ait négligé son scénario, malgré les apparences. Car le flux graphique qui décrit cette rêverie lui permet de présenter une avant-garde qui en chasse une autre, celle de précurseurs dont il salue l'impact et la modernité. Fior signe lui aussi un coup de maître et je continuerais à suivre son travail avec attention.