Petit Rouge

Erstein Costis - Margaux Meissonnier

12/11/2023

TAGS: meissonnier, bd

Erstein Costis a reçu une publicité de l’hôtel Ersatz dans sa boite aux lettres. Il s’y rend avec son chien Jory et y croise des personnages un peu paumés, qui ont été embauchés par le patron. Les deux compagnons errent sans but précis, écoutant chacun des employés expliquer les motifs de leur arrivée dans l'hôtel. Ils ont pour mission de l'entretenir, voire le réparer, vu qu'il semble toujours être en construction. Les tâches qui leurs sont assignées sont généralement absurdes.

L'hôtel est calme depuis un certain temps du coup je gère le téléchaise. C'est tranquille comme boulot. Ça... Ça me laisse du temps pour... Pour réfléchir à la pièce que j’écris dans ma tête… (Djoudi)

Djoudi écrit une pièce intitulée « L’heure d’été ». Le temps semble figé dans cet hôtel sans clients autres qu'Erstein.

Cest un personnage féminin… Assis au bord de la mer… Qui ne fait rien… Rien du tout… A part regarder le temps disparaître dans les vagues. (Djoudi)

Erstein retrouve Jory, qui s'était perdu dans Ersatz. Sa disparition momentanée l'avait anéanti. Une fois acclimaté à l'hôtel et à ses employés, et sans avoir vraiment d'objectif précis pour la suite de sa vie, le patron lui propose au final de rester y travailler.

Mais ça finit comment du coup ? (Erstein)

Il n’y a pas de fin bien définie. On supposera qu’Erstein se fait embobiner comme les autres pour réparer un hôtel perpétuellement en déliquescence, sans aucun visiteur. L'histoire est absurde et simpliste, mais ne manque pas de poésie. Margaux Meissonnier délivre un récit entrecoupé en autant de chapitres qu'il y a d'employés dans l'hôtel. S'agit-il d'une métaphore de l'open space, endroit déshumanisé par excellence, où les parcours des employés sont tout aussi erratiques et absurdes que dans ces espaces modernes ?

Graphiquement, Meissonnier fait grand usage de décors désolés, qui me rappellent les tableaux d'Yves Tanguy. L'influence de peintres surréalistes comme De Chirico ou Dali est manifeste, et font partie intégrante de l'histoire: ils contribuent grandement à l'atmosphère onirique du récit. Les personnages sont quant à eux davantage des formes abstraites, qui semblent désincarnés. Cette rêverie improvisée semble un peu facile par moments, mais fonctionne pourtant pas trop mal. Je pense que le travail de Meissonnier mérite un peu de profondeur, mais reste que c'est une autrice à suivre à l'avenir.