J'ai chopé cet ouvrage autobiographique de Mattt Konture dans une boite à livre, et j'ai décidé de lui donner une chance car je n'avais encore rien lu de cet auteur (il est pourtant un des fondateurs de l'Association, ce que j'ignorais).
Dans cette courte bande dessinée parue en 2006, l'auteur y dévoile comment il a découvert qu'il avait contracté sa sclérose en plaques. Elle lui a été diagnostiquée en 2005, mais il en souffrait depuis bien plus longtemps. Le récit débute par la description de douleurs monstrueuses, qui rendent bien compte à quel point cette maladie semble affreuse. Après une longue errance diagnostique, où Mattt Konture tente à la fois de guérir de son mal chez des naturopathes ou des médecins spécialistes, un neurologue finit par identifier le problème. Cette longue traversée du désert voit l'auteur tenter de soulager ses douleurs à grand renfort d'antalgiques, et parfois de cannabis. Il y décrit sa détresse morale, ses doutes et son pessimisme du moment. Mais Mattt Konture n'a pas un comportement victimaire et refuse de culpabiliser qui que ce soit. Il y a une force dans sa dignité qui se dégage du récit: celle d'un homme qui souffre mais qui n'a pas d'autre choix que de vivre avec cette maladie. Des états d'âme qui résonnent aussi en moi: il y a le soulagement d'enfin connaître la nature de ses souffrances, mais ensuite le retour à la réalité d'une maladie qui lui pourrit la vie depuis si longtemps.
Ce livre est dessiné dans un style souvent bâclé, comme le font si bien certains auteurs indépendants de cette génération, qui s'en justifient par une liberté de ton et une volonté de casser les codes de ce médium. J'y vois de nombreuses facilités: on remarque parfois des cases entières remplies uniquement de phylactères. Le monochrome et la profusion de traits encrés dans le dessin me rappellent beaucoup le style de Robert Crumb, mais moins bien maîtrisé. Reste que ce livre est touchant: le long chemin de croix de l'auteur y est brillamment décrit. Malgré la souffrance, Mattt Konture est un fêtard à l'esprit alternatif et écolo qui, bien que relatant certains travers de son milieu (drogues, alcools) fait preuve d'une profonde humanité et appelle à beaucoup d'empathie. Il s'évade de son corps meurtri par le dessin et la musique (il est aussi impliqué dans de nombreux groupes de rock).
Cette lecture rapide, bien que touchante et légitime par son point de vue autobiographique (ce qui n'est à mon sens pas le cas d'autres auteurs de la "scène indépendante" de son époque), ne m'a clairement pas convaincue. Cet assemblage un peu facile de planches éparses, sans lien entre elles et souvent bâclées, sont ici recyclées pour en faire un ouvrage que je trouve finalement trop foutraque pour m'investir à l'avenir dans son travail.