Petit Rouge

Heartbreak Valley - Simon Roussin

02/10/2023

TAGS: roussin, bd, polar

Je connaissais Simon Roussin en tant qu’illustrateur après avoir fait l'acquisition d'une sérigraphie de la fameuse scène avec Jean-Pierre Marielle tirée du film « Les galettes de Pont Aven ». Mais que vaut-il en tant qu’auteur ? Je n'avais encore rien lu de lui. Voyons donc.

Comme l’ivrogne qui revient d’une nuit sans fin, je titube. (Eliot)

Le détective Eliot Parsley est à la recherche de la mystérieuse Jenny Moore. Son enquête l'amène jusqu'à Heartbreak Valley, lieu de choix pour observer l'éclipse solaire la plus longue jamais enregistrée. A la fin de celle-ci, l’obscurité a envahi le monde entier, sauf Heartbreak Valley. Un parfum de fin du monde règne sur la population, en proie aux pillages et à la folie meurtrière. Eliot entend bien continuer à mener son enquête dans ce monde devenu apocalypse, avec comme partenaire un forçat échappé du bagne à la recherche du meurtrier de sa famille...

Il est étrange de connaître entièrement une personne sans jamais l’avoir rencontrée. (Eliot)

La narration alterne entre le monologue intérieur d'Eliot, complètement obsédé par une femme qu'il n'a pas rencontré, et les évènements directs. Cela en est un peu déroutant, et j'en ai oublié à force de lire l'obsession du détective. Car il s'agit de mettre en scène la folie humaine, le tout avec trois couleurs uniquement: blanc, gris et noir. L'unique nuance de gris utilisée donne le sentiment de regarder un polar au cinéma, avec une des intrigues qui s'entremêlent pour un dénouement final attendu. Eliot, ayant essuyé un coup de feu de la part du meurtrier de la famille du forçat, s'en retourne vers Heartbreak Valley et, à son dernier souffle, semble avoir retrouvé Jenny Moore. Mais est-ce vraiment le cas ? L'album s'achève sur ce mystère final.

J'ai bien aimé cette bande dessinée: elle se lit vite et bien. La palette choisie est très bien répartie et sied parfaitement au récit. Mais après, est-ce que je garderai cet album dans ma bibliothèque ? Pas si sûr, il manque un petit rien pour m'éblouir. Le dessin est simpliste, cela rappelle parfois les auteurs de la tendance ligne claire des années 80. Il y a une ironie dans le récit, quelque chose d'assez malin de la part de Roussin qui semble féru de cinéma et qui revisite de manière détachée le polar un peu caricatural. Car Eliot est un détective de pacotille, presque bon à interner tant son obsession pour Jenny est flippante. Roussin ne manque pas forcément de subtilité dans sa narration et son dessin, mais l'ouvrage ne m'a pas semblé transcendant pour autant. Je compte pourtant continuer à suivre cet auteur à l'avenir. A suivre, donc...