Cette collaboration entre Blain et Jancovici présente une vulgarisation des concepts scientifiques qui expliquent la situation d'urgence climatique.
Toute énergie devient sale si tu l’utilises à grande échelle… N’importe laquelle. (Jancovici)
Il y a un gros travail d’exploitation de données dans ce travail. Jancovici mobilise beaucoup de chiffres et propose un énorme effort pour mettre à l'échelle des quantités d'énergie ramenées à l'effort humain. Il explique notamment le besoin énergétique humain colossal par un nombre d'esclaves par personne. C'est choc, un peu gros, mais ça marche.
Le tutoiement de Jancovici envers Blain m'a un peu agacé. Un ton neutre aurait été plus approprié à mon sens, moins condescendant. Et il y a certains choix narratifs qui me sont apparus un peu racoleurs, comme le fait d'utiliser Iron Man en tant que personnification de nos besoins énergétiques. Dommage, même si je comprends que cet exemple en particulier puisse parler aux plus jeunes.
Jancovici explique sa position pro-nucléaire. Ou tout au moins pourquoi cette solution était la plus acceptable compte tenu de notre mode de vie énergivore et l'urgence climatique. Cela m'a semblé être bien justifié en tout cas. Je n'ai pour ma part jamais eu d'avis sur le sujet, en tout cas pas défavorable. Du coup je m'en suis remis sans trop discuter à la parole d'expert, ce que je fais pourtant un peu moins facilement en prenant de l'age. Il y a donc un portrait alarmiste d'un monde en péril, qui court droit à sa perte s'il ne se réveille pas maintenant. Mais pourtant pas aussi catastrophiste que ce que j'imaginais. J'ai rapidement repensé à Bihouix et sa réflexion sur la low-tech lorsque Jancovici a amorcé l’ébauche d’un plan de sortie de crise, ce que j’ai trouve louable. Le mot décroissance apparaît peu dans l’ouvrage mais il en est pourtant question et j’ai souvent pensé à Latouche en le lisant.
L'apport graphique de Blain est indéniable. Il y a des choix qui sont très pertinents dans la présentation des données représentées sous forme de graphique. Un nombre important de bonnes idées qui font que la démarche des auteurs est vraiment pertinente sous forme de bande dessinée. Il n'est pas juste question d'illustrer un dialogue entre l'expert et le néophyte, mais d'agrémenter le propos par des idées graphiques appropriées. La structure du récit est bien découpée. Les thèmes sont présentés de manière synthétique et bien séquencées. J'étais donc conquis par l'exposé de Jancovici, dont je n'avais qu'entendu parler. Le dessin de Blain me plait toujours autant, même si dans cet exercice il me semble pourtant un peu en retrait. Une très bonne introduction aux problématiques environnementales actuelles.