Vers l’an 412 avant l’ère chrétienne, Icèse, riche banquier de Sinope, ayant mené sa femme aux autels d’Ilithyie, devint père d’un jeune garçon. Il voulut l’appeler Diogène et fit valoir son droit. Sa femme aurait préféré le nom plus harmonieux d’Alcathoos ; mais elle fut bien forcée de reconnaître qu’elle n’était que la mère.
Je m’étais intéressé gamin à l’histoire de Diogène et du cynisme. Je voulais me replonger dans cette vie. Logique après toute la culture antique que j’ai ingérée ces derniers temps.
Diogène de Sinope était apparemment issu d'une famille riche. Appauvri par une jeunesse d'excès, il devient disciple du stoïcien Antisthène pendant cinq ans. Mais son apprentissage prit fin après que Diogène ait jugé qu’il ne lui apprenait plus rien. Il trouva refuge dans un tonneau, trop pauvre pour avoir un toit. Diogène parcourt alors la Grèce et toutes les philosophies de l'époque.
Des enfants finissent par l’appeler chien parce qu’il vit dans ce tonneau. Ils souhaitent lui jouer un tour en disposant des clous sur le tonneau. Diogène le Cynique est jalousé pour sa liberté, son indépendance. Il définit à partir de là sa propre philosophie.
Alors Diogène, revenu sous le portique de Cybèle, la Grande Mère, fonda brusquement un système de philosophie sans avenir : celui de la Tranquillité. Était-ce même un système ? Voilà bien la première chose dont Diogène ne s’occupa point. Mais il aurait pu sans doute poser solidement son temple sur des principes, le charpenter avec des raisons hautes et le couvrir de quelque majestueuse théorie formant fronton.
Diogène est donc l'archétype du fou errant: excentrique, anarchiste, indépendant.
Il ne s’imposait aucune contrainte et quelquefois il se promenait nu, pendant les grandes chaleurs, en faisant des gestes indécents.
Devenu esclave, il est acheté par Xéniade qui lui donne la charge d’éduquer ses jumeaux. Il s'en tire tellement bien qu'il en retrouve la liberté.
Dans l’espace de trois ans, il enseigna à ses élèves l’art de parler peu, de payer les services au juste prix, de ne point prêter d’argent, de partager l’avis des plus forts, et de mentir en principe ; car il est toujours facile, si quelque avantage en résulte, de rétablir la vérité.
L’épisode avec Alexandre le Grand est probablement celui qui a rendu célèbre Diogène. Alexandre, en visite, a entendu parler de ce dernier et lui demande ce qu'il veut:
« Retire-toi de mon soleil, » répond-il en montrant l’horizon.
La mort de Diogène est mystérieuse. Il aura vécu longtemps pour l'époque, et laissé derrière lui le terme cynique. Immense héritage d'une philosophie finalement particulièrement maigre.
Cette lecture était rapide et agréable. J'ai particulièrement apprécié le style de Paul Hervieu, qui contextualise très bien le récit. Ce petit ouvrage fourmille de noms et références antiques. Je ne pense pas qu'il me restera pas longtemps en tête, mais j'étais malgré tout ravi de me replonger dans cet univers.