Petit Rouge

Théâtre complet - Eschyle

24/10/2022

TAGS: eschyle, theatre

Eschyle naquit à Eleusis en -525. Guerrier (il combattit à Marathon) et dramaturge (généralement considéré comme l’un des pionniers de la tragédie), il a notamment mis en avant dans ses œuvres les personnages de Prométhée et Oreste.

Les Suppliantes est considérée comme la plus ancienne pièce d’Eschyle. Il y a une absence notable d’intrigue dans celee-ci, au bénéfice d'un développement psychologique.

LE CHŒUR. Roi des rois, bienheureux entre les bienheureux, puissance souveraine entre toutes les puissances, heureux Zeus, écoute-nous; écarte de ta race l'insolence de ces mâles, bien digne de ta haine, et précipite dans la mer empourprée le noir vaisseau qui nous apporte le malheur. (Les Suppliantes)

La pièce débute par un chœur (avec le Coryphée comme chef de chœur) où les cinquante filles de Danaos expriment leur aversion pour le mariage auquel leurs cinquante cousins, fils de leur oncle Égyptos, prétendent les contraindre. Le Roi s’oppose à l’enlèvement des Danaïdes par le héraut des cinquante fils d’Egyptos. Cette pièce expose le refus du mariage forcé et du viol, en mettant en avant des femmes fortes. Elle appartient à une trilogie dont les autres pièces ont été perdues. On ne saura pas si la guerre aura eu lieu.

Les Perses raconte la défaite de l’armée perse menée par Xerxès contre les Grecs et le chagrin de la reine qui en découle. Là aussi l’intrigue semble manquante, mais c’est tellement bien écrit et l’accent est mis sur l’émotion que cette pièce n’est pas pour autant dénuée d’intérêt.

Si malheureux que vous soyez, n'en livrez pas moins votre âme au plaisir que chaque jour apporte : chez les morts la richesse ne sert plus de rien. (Les Perses)

La pièce s’achève par la longue plainte de Xerxès, finalement rentré au pays dans le déshonneur.

Les Sept contre Thèbes se situe dans l’histoire d’Oedipe. Très difficile d’accès sans avoir le reste des pièces. Celle-ci est la seule d’une tétralogie ayant été récupérée. Il s'agit de récits de guerre: on ne sait pas exactement pourquoi ils se battent, et c’est encore le cas ici.

C'est l'homme, non la femme, qui doit délibérer sur les affaires du dehors. Reste au logis et ne fais pas de mal. M'as-tu entendu, oui ou non, ou parlé-je à une sourde ? (Étéocle, Les Sept contre Thèbes)

Malgré les avancées notables des Grecs anciens dans le monde des arts et de la science il y a des positions rétrogrades qui trahissent l'époque, comme en atteste la citation précédente.

Prométhée enchaîné faisait partie d’une trilogie, mais seul ce texte a été conservé. J’attendais cette pièce avec impatience: Prométhée comme symbole du progrès, qui n’a « pas seulement donné le feu et les arts que le feu a rendus possibles; il leur a appris à user de leur intelligence; il leur a enseigné l'astronomie, la médecine, la divination, la science des nombres, l’écriture, le travail des métaux ».

Pouvoir et Force, deux exécuteurs des volontés de Zeus et le fils de Zeus, Hèphaistos, y ont amené le titan Prométhée, coupable d'avoir dérobé le feu aux dieux et d'en avoir fait présent aux mortels. (extrait de la notice)

Prométhée apparaît comme une figure inflexible, autant que ne l’est la science.

Oui, j'ai mis fin aux terreurs que la vue de la mort cause aux mortels. (Prométhée, Prométhée enchaîné)

Et plus loin:

Et maintenant le feu flamboyant est aux mains d’êtres éphémères ? (Le Coryphée, Prométhée enchaîné)

Est-ce que la connaissance n’est pas aussi source angoisse pour l’humanité ? La colère de Zeus envers Prométhée est due au fait que le progrès pourrait faire de l’homme un dieu. Et il y a finalement quelque chose d’arrogant chez Prométhée. Comme le sont les personnes détentrices du savoir savant.

Le récit de L’Agamemnon prend place après la chute de Troie. Agamemnon rentre chez lui et est assassiné par son cousin Égisthe, devenu l'amant de son épouse Clytemnestre, qui elle-même tue Cassandre (concubine d'Agamemnon). Je ne savais pas que Cassandre, comme expression de prophète de mauvaise augure, venait de cette histoire.

Alors Cassandre éclate en lamentations et, prise du délire prophétique, elle prédit l'assassinat du roi, puis sa propre mort. (L'Agamemnon)

Il y a une beauté poétique de la langue, mais qui rend la lecture difficile. Toujours une absence d’intrigue au profit d’un développement psychologique.

Quand le venin de la malveillance s'insinue dans un cœur, il double le fardeau de celui qui nourrit ce mauvais sentiment : il sent le poids de ses propres malheurs et la vue du bonheur d'autrui le fait gémir. Je parle en connaissance de cause, car je connais bien le miroir de l'amitié: l'image d'une ombre, telle fut celle des gens qui semblaient m'être très dévoués. Seul Ulysse, qui s'était embarqué à contrecœur, une fois attelé au joug, a toujours été pour moi un bon cheval de volée. Qu'il soit mort ou vivant, je lui dois ce témoignage. (L'Agamemnon)

Les Choéphores raconte la vengeance d’Oreste envers sa mère Clytemnestre et Egisthe son amant, meurtriers eux-mêmes d’Agamemnon. Interminables vengeances. A partir de cette pièce mon intérêt a décru.

Les Euménides est la suite directe de Choéphores. Oreste a rejoint Delphes, après avoir assassiné sa mère et son amant.

J'ai eu du mal à venir à bout de ces pièces. Et je n’en ai pas retenu grand chose de très intéressant au final. Ces tragédies sont inspirées par des mythes et faits historiques d’époque, ce qui m'intéresse pourtant dans la mesure où elle expose aussi des personnages ou récits ayant perduré jusqu'à nos jours. Les références nombreuses de la part d'Eschyle, dont celle d'Ulysse et de l'Odyssée citée plus haut, permettent d'inscrire son œuvre dans l'histoire et la cosmogonie.