Je me demande bien comment j’ai pu passer autant de temps à lire toutes ces autobiographies de L’Association, et en particulier cet "Approximativement" de Lewis Trondheim. Cela fait longtemps maintenant que je me suis complètement désintéressé de ses productions. Je ne m’intéresse d’ailleurs plus vraiment à cette maison d’édition. Et pourtant... j’ai dû me reconnaître un temps dans ces productions narcissiques et plaintives. Trondheim transpire le manque de confiance. Il m’apparaît beaucoup plus aigri et névrosé qu’à l’époque où je m’impatientais pour ses nouvelles parutions.
Que raconte cet ouvrage ? Des ruminations personnelles. Des histoires intimistes du quotidien. Il faut connaître un peu le microcosme des maisons d’édition indépendantes pour comprendre certaines scènes. J’avais oublié le contenu à l’époque, et ça ne reste pas bien longtemps en tête aujourd’hui.
Approximativement est bâclé. Surtout d’un point de vue graphique, mais pas uniquement. Les petits riens en bande dessinée sur la vie de tous les jours m’effraient aujourd’hui par leur vide, que ce soit chez Menu ou Trondheim.
Je me sens traître d’écrire cela. Moi qui n'ai longtemps juré que par eux. Les goûts s’affirment, maturent, et j'étais particulièrement influençable aussi étant jeune. La lecture des pamphlets édités par L’Association avaient été un détonateur pour moi à l’époque. Qui étaient ces jeunes cons arrogants ? Eux qui brandissaient leur manque de maîtrise graphique pour de l’expression libre, qui casse les codes de la bande dessinée. Donc forcément géniale. Je comprends qu'ils ont eu leur quart d'heure de gloire à l'époque. Ils dynamitaient en effet les conventions en vigueur. Mais sans le talent pour les rendre légitimes. Je n'y reviendrai probablement plus jamais.