Ce manga raconte la vie paysanne dans l'arrière-pays Japonais, dans une région reculée au nord-est, le Tôhoku. Une vie d'avant la modernité, régie par les saisons et les traditions ancestrales. Les histoires de ce recueil puisent dans les souvenirs d'enfance de Katsumata, et proposent au lecteur une vue d'ensemble d'un Japon traditionnel méconnu.
Et il y a de la vie dans ces histoires. Une vie simple, paysanne, avec ses histoires de fesse, parfois scabreuses et humiliantes (le viol y semble assez banal), ses moments de joie et de peine, de débauches alcoolisées et quelques instants de grâce.
Il y a aussi la présence des Yōkai, dont les kappas, ces êtres surnaturels du folklore japonais, qui interagissent positivement ou non avec les paysans.
Le dessin est enfantin, malgré parfois des histoires aux thématiques très adultes. Je le trouve très souvent peu maîtrisé, voire carrément mal dessiné à certains moments. Katsumata n'a pas le même talent pictural de Tezuka, mais apporte pourtant beaucoup de charme à ses histoires. Il y a beaucoup de poésie - comme le font si bien les japonais - dans ces histoires aux apparences parfois grotesques. Les sentiments y semblent feutrés, voire presque interdits. Ils s'expriment souvent par une certain violence physique.
Cette collection d'histoires parues entre 1976 et 1985 dans des magazines sont un témoignage précieux d'un temps perdu, oublié. Je ne garderai pas ce recueil pour autant: Katsumata est un conteur hors-pair, mais je reste un peu rebuté par son dessin qui me rappelle des proto-manga peu inspirés graphiquement. C'est pourtant avec plaisir que j'ai relu ces histoires, mais je finis moi-même par me faire rattraper par le rouleau compresseur de la modernité et une maturation dans mes choix esthétiques.