Bande dessinée de ma jeunesse, parue sous forme sérialisée dans le magazine pour petits jeunes Astrapi chez Bayard Editions. Je ne crois pas l'avoir lue en entier à l'époque. J'avais le souvenir d'un dessin séduisant, et c'est avec plaisir que je me suis procuré cette intégrale.
Hélas ! Un jour, nous vîmes arriver Coline, attachée sur un chariot poussé par des gardes... Les gens lui lançaient des pierres... Nous apprîmes qu'elle avait été accusée de sorcellerie !! (Margot)
L'histoire démarre par un meurtre, des loups et un bébé abandonné près d'un lac. Qui est retrouvé par une bande d'orphelins menée par Ythier, en pleine guerre de Cent Ans. Coline le prend sous son aile et l'appelle Angelot du Lac. Ils tentent de survivre comme ils peuvent dans un monde violent où la pauvreté et le truandage s'est généralisé.
Première publication en 1995. Elle m'a immédiatement rappelé la débrouille de Freddy Lombard. La dèche, la survie. Avec une cible de lecteurs plus jeune, mais les mêmes codes de la bande dessinée franco-belge. Les hommes malfaisants ont de sales têtes et sont très grotesques.
Après avoir délivré Coline d'un bûcher, Angelot, qui se sent mal récompensé de sa bravoure part avec le comte de Forez. Il décide de devenir son écuyer et se sépare de la troupe. Ils rejoignent tous deux un "caravansérail" qui emmène un léopard et la jeune Agnès en Italie, une fille capricieuse de bonne famille destinée à un mariage forcé. Après quelques péripéties, Angelot et Agnès quittent le comte de Forez pour tenter de retrouver Ythier et sa bande.
Nous serons sales, nous dormirons par terre, nous mangerons des pierres ! (Angelot)
J'apprécie beaucoup la pudeur de cette bande dessinée, qui exprime des sentiments amoureux entre Angelot et Agnès très feutrés. Plus globalement il y a beaucoup de finesse à la fois dans le trait et dans l'intrigue. Très bel exercice pédagogique sur la guerre, la misère et l'obscurantisme, cette bande dessinée propose un divertissement très intelligent pour la construction intellectuelle et éthique des petits jeunes.
Des fous de guerre se sont étripés là... Mais crois-moi c'est des vivants qu'il faut avoir peur... (Angelot)
Après avoir renoncé à se rendre en Italie, ils rencontrent Songe-creux le comédien avec qui ils sympathisent et rejoignent sa troupe de théâtre. Ils se donnent en représentation de village en village, à une époque où le divertissement est à la fois indispensable et mal considéré par l'église.
Au final, "Angelot du Lac" est une vraie réussite, avec de beaux dessins très loin de la vulgarité des productions jeunesse que je vois parfois en tête de gondole dans les librairies. J'ai lu cette intégrale d'une traite, comme l'enfant curieux que j'ai pu être lorsque j'ai appris à lire.