Petit Rouge

Åke Ordür - Lars Sjunnesson

27/10/2021

TAGS: sjunnesson, bd

Lars Sjunnesson se révolte contre l’indifférence et la stupidité contemporaine. Il rend compte de la guerre en cours, une guerre aussi incompréhensible qu’un match de football dans le noir. Mais est-ce une guerre ou une paranoïa quotidienne qui nous submerge ? La volonté d’obéir aux ordres prime sur tout le reste. Des actes de violence sont perpétrés de façon mécanique, et sont tolérés au nom du bien. Où sont ceux qui veulent le bien ? (Gunnar Lundkvist)

Åke Ordür est un criminel sans logique interne, qui exerce la violence de façon arbitraire. Il boit des grandes canettes, il fume de grosses clopes, il jure, fait exploser des bâtiments et poursuit des policiers.

Quelqu’un a réduit le parlement et le gouvernement en cendres.

Åke Jävel (en suédois) est apparu en Suède en 1984. En pleine période punk donc, où il était probablement admis que le politiquement correct devait absolument être raillé de la manière la plus immature qui soit. Åke est un terroriste anarchiste irrationnel qui évolue dans un monde en perte de sens. Je comprends l'objet de l'exercice: en plein punk il y avait en effet un éloge de la bêtise derrière le "no future". Sid Vicious portait des croix gammées et bouffait sa morve après une injection d'héroïne. Ce recueil est donc très con. Se voulant probablement drôle et choquant. Mais il est aussi court qu'il est con. Tant mieux. On est donc très loin du commentaire élogieux de la préface. J'ai l'impression, en écrivant ces mots, de renier le punk, qui a pourtant été un choc d'adolescence très fort. Je reste fidèle à l'énergie du mouvement, mais je reviens sur la manière de l'exploiter. J'avais pourtant l'intuition lointaine que les talents punk étaient rares, mais happé par un enthousiasme juvénile je n'ai pas voulu affirmer ce doute.

Comment ai-je bien pu acheter ce machin à l'époque de sa sortie ? Peut-être pour le dessin ? Simple et monochrome; un style que j'affectionne particulièrement. Il y a donc un manque cruel d'ironie dans ce recueil, qui me saute aux yeux aujourd'hui. Je l'ai relu au premier degré, en souhaitant très fort m'élever à un degré de lecture supérieur.

Édité par L’Association, probablement par Jean-Christophe Menu qui trouvé le nom français de Åke Jävel, cet ouvrage va sans problème quitter ma collection.