Petit Rouge

Le Spleen de Paris - Charles Baudelaire

02/10/2021

TAGS: baudelaire, poésie

Ce recueil compile cinquante poèmes en prose, rédigés entre 1857 et 1864, « pour faire pendant aux fleurs du mal ». Cette forme poétique lui est directement inspirée par la lecture de « Gaspard de la Nuit » d'Aloysius Bertrand (qu'il faudra que je lise aussi, puisqu'elle a aussi inspiré la bande dessinée éponyme de De Moor et Desberg).

Horreur ! je me souviens ! je me souviens ! Oui ! ce taudis, ce séjour de l'éternel ennui, est bien le mien.

On se souvient de l'introduction aux « Fleurs du Mal » où Baudelaire évoque déjà ses démons, dont l'ennui, ce qu'il appelle « chimères » tout au long du recueil. Il aborde son addiction au laudanum, la solitude, même si j'y ai vu des moments de grâce qui viennent équilibrer l'ouvrage:

Bref, je me sentais, grâce à l’enthousiasmante beauté dont j’étais environné, en parfaite paix avec moi-même et avec l’univers;

Baudelaire décrit la vie, sous tous ses aspects. De la misère des petites gens au tourments de l'artiste, lors de déambulations dans Paris. Il est le poète absolu. Il peut faire ce qu’il veut, de la prose ou de la poésie versifiée, c’est juste le meilleur.

C'est une espèce d'énergie qui jaillit de l'ennui et de la rêverie, et ceux en qui elle se manifeste si inopinément sont, en général, comme je l'ai dit, les plus indolents et les plus rêveurs des êtres.

Les poèmes peuvent être perçus comme des tableaux (il en dédie quelques-uns à des peintres ou des compositeurs, comme Manet ou Liszt par exemple), des rêveries ou des portraits. Ils ne sont pas versifiés, mais il y a néanmoins une musicalité et un rythme incroyable qui justifient leur appellation.

Je sais que le Démon fréquente volontiers les lieux arides, et que l'Esprit de meurtre et de lubricité s'enflamme merveilleusement dans les solitudes.

Baudelaire est résolument réactionnaire, hostile au progrès. Comme de nombreux romantiques, il est réfractaire au siècle des Lumières et aux penseurs de la révolution:

Mes chers frères, n'oubliez jamais quand vous entendrez vanter le progrès des lumières, que la plus belle des ruses du Diable est de vous persuader qu'il n'existe pas!

J'achève ce cycle Baudelaire, convaincu de sa grandeur qui n'est pas à démontrer. Il est probablement le poète ultime, celui qui aura eu pour moi la plus forte résonance intérieure, par les thèmes qu'il aborde et sa maîtrise de la langue.