J'avais lu une version abrégée de L'Odyssée dans l’encyclopédie illustrée « Tout l'Univers » de ma grand-mère. Cela faisait un moment que ce livre prenait la poussière dans ma bibliothèque, alors que je le sais essentiel. J’aurais dû lire ce chef-d’œuvre avant d’aborder ce monstre qu’est « Ulysses » de James Joyce, qui avait été une lecture tellement difficile à l’époque que je suis complètement passé à côté.
Écrit apparemment par plusieurs personnes, celui qu’on appelle Homère reste encore aujourd’hui un mystère. Il s’est inspiré de légendes orales de la Grèce ancienne pour écrire ce poème en prose.
L’Odyssée débute par le récit de Télémaque, fils unique d’Ulysse. Il voit sa demeure et sa mère Pénélope convoitée par de nombreux prétendants. Soutenu et encouragé par Athéna, la déesse de la raison et du savoir, il décide alors de quitter Ithaque à la recherche de son père. Ce dernier n’est pas revenu de la guerre Troie. Les prétendants le croient mort.
Avant son départ en mer, Zeus envoie des aigles, signes de mauvais augure. Les Grecs anciens « lisaient » la symbolique animale. L’un d’entre eux prédit pour Ulysse, à partir de la survenue de ces deux aigles:
Je lui prédis alors tous les mots à souffrir et tous ses gens à perdre, pour ne rentrer chez lui que la vingtième année et méconnu de tous. (Halithersès)
L’Odyssée s’entrecroise et se recoupe avec L’Iliade. On y aperçoit au long de la lecture des personnages communs comme Ménélas ou Hélène.
Les périples d’Ulysse démarrent réellement à partir des « Récits chez Alkinoos ».
Que vous faites pitié, dieux jaloux entre tous! ô vous qui refusez aux déesses le droit de prendre dans leur lit, au grand jour, le mortel que leur cœur a choisi pour compagnon de vie! (Calypso à Hermès)
Calypso a sauvé Ulysse, « héros d’endurance », d’un naufrage. Elle lui donne la force de construire un radeau pour s’enfuir. Mais Posidon déchaîne la mer, et Ulysse ne doit sa survie que grâce à Ino, cette femme déchue qui vient en aide aux marins en péril. Il fait escale et croise la route de la vierge Nausicaa, fille d’Alkinoos. N'ayant pas lu le chef-d’œuvre de Miyazaki, je n'ai pour le moment pas encore décelé l'analogie.
Il y a beaucoup plus de dialogue que d’action dans L'Odyssée. Mais j'ai pourtant été surpris par le gore des descriptions de Polyphème le Cyclope, qui démembre l’équipage d’Ulysse. Ulysse triomphe par la raison et la ruse plutôt que par la force. Même s’il en est tout à fait capable, en particulier lors de sa vengeance contre les prétendants.
Ulysse mettra donc vingt ans à rentrer à Ithaque. Il y parvient et prépare sa vengeance. Athéna lui donne l’apparence d’un vieillard, méconnaissable à ses proches. Les prétendants sont finalement massacrés, après avoir été défiés au tir à l’arc.
J'ai un peu survolé le chant final, mais au final je ne regrette pas de m'être attelé à ce chef-d’œuvre. Je vois dans L’Odyssée un fantastique récit d’archétypes, qui durent encore aujourd’hui dans l’inconscient collectif. Un fantastique héritage d'expressions usuelles: les Sirènes, les monstres Charybde et Skylla. En somme, une matrice incroyable qui aura influencé toute une partie de l’imaginaire et des fictions de l’humanité. Quoi d’autre ensuite que la Bible aura été plus influent ? En plus d’être une excellente introduction à la mythologie grecque. L’annexe de cette édition m’a été très utile pour appréhender les différentes personnalités et fonctions divines des Grecs anciens polythéistes. Eux qui sacrifiaient des animaux pour leurs dieux. Il y a de la générosité, de l’aumône et de l’hospitalité chez les Grecs anciens. Et une certaine droiture d’esprit, de sagesse. Malgré certains archaïsmes, comme le polythéisme ou les sacrifices, ils avaient déjà posé des jalons importants dans les vertus morales. A retenir donc.