Ayant assassiné ma mère dans des circonstances d'une singulière atrocité, je fus arrêté et passai en jugement, ce qui dura sept ans
Recueil de très courtes nouvelles d’Ambrose Bierce. Une veine sombre, faite de meurtres, de parenticides comme l'indique le titre. Mais même s’il s’agit d’une lecture agréable, j’ai quand même du mal à ne pas le comparer à Edgar Allan Poe, dont j’avais déjà perçu la parenté en lisant ses « Contes Noirs ». Ce dernier m’apparaît beaucoup plus percutant et imaginatif que Bierce. Cette lecture est pourtant plaisante. Bien écrite. Bierce témoigne de la noirceur et de la violence du peuple américain. C’est ce qui le distingue principalement de Poe, qui apparaît plus poétique. Il semble assez injuste de le comparer à Poe finalement, ce dernier versant davantage dans le fantastique.
Bierce présente donc la part d’ombre des Américains. Une Nation qui s’est construite dans la violence. La frontière, les élans positifs de liberté que les États-Unis ont voulu appliquer y sont complètement absentes. Cette histoire de la violence est la face d’une même monnaie: elle semble indissociable du libéralisme américain. L’idéal de liberté a nécessité un recours à la violence. Et ces nouvelles sont le témoignage du mal qui ronge ce pays dès sa création.
Les quatre nouvelles du recueil se lisent vite tellement elles sont courtes. Le rapport des protagonistes avec leurs parents est souvent dysfonctionnel. Dans « Huile de chien » par exemple, le fils est complice de meurtres de nourrissons et de chiens. Les contes sont amoraux, violents, cyniques (la justice semble toujours inopérante). Ils rappellent certains faits divers poussés à l’extrême. En cela, Bierce laisse libre cours à une imagination nihiliste qui lui est propre. Même si l'influence de Poe semble indiscutable, Bierce n'en est pas moins un superbe conteur, qui parvient à provoquer un frisson d'effroi immédiat en un laps de temps réduit. Il n'a besoin que de quelques phrases pour transmettre l'horrible folie meurtrière de ses protagonistes.