Petit Rouge

The Portable Magritte

02/01/2021

TAGS: magritte, art

Magritte painted things so ordinary that they might have come from a phrase book: an apple, a comb, a derby hat, a cloud, a bird cage, a street of prim suburban house, a businessman in a dark topcoat, a stolid nude. There was not much in this repertoire of images, taken one by one, that an average Belgian clerk might not have seen in the course of an average day in 1935. But Magritte's combinations were another thing entirely. His poetry was inconceivable without the banality it worked on and worked through: it subverted ordinary naming

Ce pavé compile une très grande quantité d’œuvres de Magritte, dans un format agréable à lire. Même si certaines reproductions paraissent parfois un peu petites. Il est incroyable de se plonger dans son œuvre quasi-complète et de constater le génie imaginatif de cet artiste. En effet, sont mis en avant des formes, objets, personnes ou lieux souvent simples. Mais leurs associations produit des œuvres étranges, surréalistes donc, avec un imaginaire et une profondeur extraordinaire. De Magritte je ne connaissais initialement que ses peintures les plus célèbres ("Ceci n'est pas une pipe" évidemment). Mais il a pourtant décliné son imagination débordante dans une quantité invraisemblable de tableaux. Cette compilation les présente de manière chronologique. On voit à partir de 1927 des germes de cet imaginaire foisonnant, des fulgurances. J'ai eu la chance d'observer trop peu de ses œuvres au musée de la Reine Sophie à Madrid, dont le très marquant « Le Drapeau Noir » de 1937.

Mais à partir de 1943, Magritte tente de nouvelles approches formelles qui ne m'ont pas convaincues et qui tranchent avec la clarté de ses productions précédentes. Il renoue avec son style initial à partir de 1947. Certains tableaux sont d'ailleurs parfois grossiers. Presque bâclés. Mais il y a dans l’ensemble tellement de chefs-d’œuvre qu’ils passent inaperçus. Leurs titres renforcent le caractère mystérieux des œuvres. Et lorsqu'on les observe attentivement on se prend au jeu de les déchiffrer. Il y a des symboles récurrents. Comme cette boule fendue. Magritte semble simple, à la fois dans son style et ses motifs. Mais cette apparente simplicité est évidemment un leurre. Cette simplicité formelle est intrigante et contrairement à ce j'ai pu voir chez d'autres surréalistes comme Yves Tanguy, Salvador Dali ou Max Ernst, donne réellement envie de comprendre de quoi il est question. Là où ces derniers ne me semblent pas suffisamment interpeller le spectateur qu'autrement que par leur talent formel prompt à l'étrange imaginaire surréaliste. Ce qu'il y a de fantastique chez Magritte, c'est cette abstraction claire qui définit le rêve. Elle questionne, elle incite une lecture attentive, amène à un déchiffrage, une tentative d'interprétation. La banalité relevée dans la citation plus haut est finalement exceptionnelle. Magritte, sans avoir la maitrise technique de Dali a réussi à susciter chez moi un doute, m'a interpellé davantage par ses compositions qui frappent immédiatement justement par ses objets et motifs du quotidien qui associés entre eux définissent la frontière vers une métaphysique de l'inconscient, du rêve. Mes rêves ne ressemblent jamais à un tableau de Dali ou de Yves Tanguy, mais sont comme pour tout le monde des compositions basées sur des objets ou personnes du quotidien mélangées sans logique apparente.