Petit Rouge

Artaud et la théorie du complot - Mehdi Belhaj Kacem

12/11/2020

TAGS: belhaj kacem, essai, artaud

Retranscription d'une conférence prononcée par Mehdi Belhaj Kacem dans une manifestation littéraire. J'imagine tous ces cons qui se branlent sur des sujets dont le peuple se fout éperdument. Il prend comme point de départ l'internement d'Artaud à l'asile de Rodez, vécue de sa part comme un véritable complot sur sa personne. Il n'est pas le seul à sombrer dans la paranoïa. Est cité: Kafka, Beckett, et d'autres. Ce texte m'a semblé manquer de structure. Mon déficit d'intelligence n'a pas su déceler ni de fil conducteur, ni de but précis. Tout cela m'a semblé très décousu, Belhaj Kacem joue à l'équilibriste en permanence. Il doit probablement être perçu comme un philosophe audacieux. Mi-punk, mi-intello. Cela ne m'a pas impressionné.

La masse qui se fout de nous et ne veut pas entendre parler de nous ne cesse jamais un instant d'enregistrer toutes nos paroles, et elle a ses détecteurs espions qui ne cessent ni jour ni nuit de muffer notre conscience. (Artaud)

Il met pourtant sur la table quelques sujets intéressants. En particulier le constat que les « littérateurs fous » formaient une avant-garde héroïque qui éclataient le langage. Artaud et d'autres (Kierkegaard, Debord par exemple) ont tenté de se l'approprier et de s'affranchir de la philosophie académique et universitaire. Il constate aussi que les plus « persécutés » étaient généralement des pauvres qui finirent leur vie misérablement (Edgar Poe, Charles Baudelaire, Gérard de Nerval). Il est question de postmodernisme. De concepts pédants et creux sur la littérature. Evidemment.

... Pourquoi est-ce que l'époque messianique et héroïque de l'avant-garde, et pour ainsi dire d'un seul coup, s'est effondrée et renversée comme une crêpe en sa propre parodie ?

J'attendais la réponse à cette question. Je ne l'ai pas eue, ou alors je ne l'ai pas saisie. J'ai eu le sentiment que Belhaj Kacem passait du coq à l'âne en permanence et évitait toute réponse concise et structurée. Mon intelligence et ma culture limitée ne me permettent pas de comprendre de quoi il est question dans ce texte. Mais ce fait avéré m'empêche aussi de me laisser facilement impressionner par des intellectuels qui se gargarisent de concepts dont 99% des gens se contrefoutent. Les masturbations sur la littérature, la philosophie et le langage ne remplissent pas le ventre des pauvres, dont Artaud faisait partie. Ces considérations bourgeoises sont à la limite de l'indécence. La question de la souffrance est évoquée, en particulier à travers Walter Benjamin. Mais seul un psychiatre, le malade psychique ou son entourage sont à même de l'évaluer. Philippe Brenot peut le faire. Ferdière, pour ce que j'en sais n'était probablement pas le bourreau persécuteur que l'on croit. J'ai cru lire un énorme contresens de Belhaj Kacem à ce sujet. Artaud, en pleine occupation vichyste à certes été interné, pendant de nombreuses années, mais a sans doute aussi évité un destin plus tragique encore compte tenu de sa réelle schizophrénie paranoïde. Artaud se croyait persécuté, mais il a probablement aussi été épargné et protégé, paradoxalement. Je ne pense pas que des intellectuels qui analysent le langage de ces malades dont je fais partie peuvent légitimement parler d'eux et pour eux. Artaud me touche par qu'il est vivant, parce qu'il a cherché toute sa vie la transcendance, le moyen d'extraire hors de lui son mal profond. Ce qu'il a admirablement fait par le langage avant de décompenser de manière irréversible. Le titre faussement provocateur de ce texte est trompeur et racoleur. Heureusement qu'il était court et écrit agréablement. Mais encore une fois, même si je sens que Belhaj Kacem maîtrise son Artaud ainsi que des tonnes d'autres sujets (qui ne m'intéressent pas), je suis complètement passé à côté de cette bouillie sans queue ni tête.