Le paysage est codé en blocs dialectiques
Mais qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ? Court texte très prétentieux sur le cyberpunk, publié en 1988. Des références intéressantes (Debord, JG Ballard et Burroughs) mais franchement trop gratuites pour être prises au sérieux. Ça m’a irrité dès le premier paragraphe. Mark Downham étale. C’est vraiment trop grossier. Il balance des noms ou des concepts (Vidéodrome de Cronenberg, Interzone de Burroughs) pour faire le malin, mais au final j’ai trouvé ce texte vraiment creux. Il y a pourtant beaucoup à dire sur ce courant de la science-fiction qui émerge à partir des années 80.
...toutes les techniques redéfinissent radicalement la nature de l’humanité, la nature du moi.
On y trouve pourtant ponctuellement des vérités intéressantes. Mais trop rares. Je crois que Downham a voulu singer « La Société du spectacle » de Debord. Des paragraphes généralement courts, qui définissent et redéfinissent inlassablement ce qu’est le cyberpunk. Titrés de plus d’une manière cryptique, j’ai sérieusement commencé à douter du sérieux de l’auteur justement à partir du moment où il cite l’opus de Debord. Je ne prends jamais au sérieux quelqu’un qui se gargarise de ses concepts. C’est la tartufferie ultime. Celle de faire le malin avec un concept qui m’est apparu dernièrement assez nébuleux et bâclé. Encore une fois, je crois fermement que le Spectacle de Debord est une fumisterie qu’il n’a rattrapé qu’avec ses « Commentaires ».
Un système de vision virtuelle en perspective pour ces pionniers de la société télénomique qui, propulsés dans les fictions rétiniennes du cyberpunk, traversent à plein vitesse les derniers instants de l’algèbre céleste.
Mais à qui donc s’adresse ce livre ? Certainement pas à un universitaire tant le contenu sonne faux et creux. Probablement à un adolescent impressionnable qui voudra se croire par conséquent très cultivé et éveillé. Et pourtant je suis convaincu qu’une passerelle entre le cyberpunk et le situationnisme est légitime. Je n’ai par contre jamais compris son usage du Spectacle.
Les cyberpunks, comme Marcuse, Adorno, Althusser et les autres membres de l’Ecole de Francfort lors de leurs discussions, savent que le Spectacle est un réseau sémiotique vorace, inéluctable et réifié qui absorbe tout en marchandises, selon une logique qui fait glisser l’humanité dans le fascisme rhizomatique.
Cette dernière phrase était tellement ridicule qu’il fallait que je la note. Je ne suis même pas sur qu’Althusser soit lié à l’Ecole de Francfort. Est-ce que Downham les a lus ? Qu’est-ce que le fascisme rhizomatique ? Qu’est-ce qu’un réseau sémiotique ? Et quel est le rapport avec la réification ? Je n’ai pas compris. Je suis probablement trop idiot et pas assez cultivé. Mais pour le coup je suis presque certain qu’il se branle à mort.
Le texte s’achève de manière un peu foutraque sur des commentaires autour de « Blade Runner » de Ridley Scott et de « Neuromancien » de William Gibson. J’ai complètement survolé la fin. Je me suis demandé pourquoi j’étais allé au bout. Sans doute parce que j’adore le cyberpunk. Et malgré les innombrables défauts de ce texte, il y a pourtant une énergie, probablement de la passion. Ecrit dans les années 80, en pleine effervescence cyberpunk, ce texte très souvent pompeux tente pourtant de capter cette révolution qui aura prophétisé notre présent.