Court texte de Michéa paru initialement en 1998 puis ré-augmenté depuis. Il propose un embryon de sa philosophie « populiste » (dans son sens historique, sociologique, et non pas médiatique). Il s’agit de commentaires, d’analyses et d’extrapolations autour d’un livre de l’écrivain uruguayen Eduardo Galeano intitulé « Football, ombre et lumière ». Les références à Lasch ou Orwell sont déjà présentes, mais feutrées et pas trop rabâchées. Il est ici question de critiquer la dérive mercantiliste et ultra-libérale de ce sport (Michéa cite plusieurs ouvrages plus complets sur ce sujet), et de souligner le mépris, la condescendance de l’intelligentsia à son égard. Il rappelle que le football est en effet un « sport du peuple, par le peuple et pour le peuple ». On voit donc poindre du bout de son nez la thèse centrale que Michéa martèlera tout au long de ses ouvrages à suivre. A savoir que le peuple se retrouve pris en étau par les deux versants du libéralisme: celui d’une oligarchie financière et celui plus ancré à « gauche » des intellectuels. Malgré les assauts de ce libéralisme à tête de Janus, le football reste encore un peu la discipline populaire par excellence.
L’annexe de ce texte contient des fragments de l’ouvrage de Galeano qui illustrent les commentaires de Michéa. Ils sont passionnants, très instructifs et remarquablement bien écrits. J’espère me le procurer rapidement. Il est par exemple question des récupérations du football par des régimes totalitaires (Real Madrid sous Franco), de son influence sur la vie et la philosophie de Camus, ainsi que de nombreuses anecdotes sur le « football authentique ».