La routine de Tsuda, stéréotype de l'employé modèle insignifiant Japonais, est dérangée par l'apparition inopinée de son ancien ami Kojima, devenu boxeur dans un club de Tokyo. Kojima finit par lui dérober sa fiancée, Hizuru, qui est à la fois attirée par sa dangereuse vie et déçue par la vie terne de Tsuda. Sa réalité s'écroule par cette irruption et il s'investit lui aussi, par réaction, à la boxe, en nourrissant secrètement sa vengeance envers Kojima responsable de sa virilité perdue.
Tokyo Fist est sorti en salle en 1994, soit un an avant « Fight Club » de Chuck Palahniuk. Plusieurs années après le succès culte de son adaptation cinématographique par David Fincher, on ne peut que se demander dans quelle mesure il les a influencés.
Les parallèles avec le film de Fincher sont nombreux : la baston comme issue de secours cathartique à une vie terne, comme moyen d'existence dans une société morte, étant l'aspect le plus flagrant. Kojima aura l'occasion de rappeler à Tsuda qu'il n'est personne, tout comme Tyler Durden fait prendre conscience au narrateur anonyme que son existence d'employé de bureau dans une société de consommation est dérisoire.
La dualité Tsuda/Kojima est tout aussi mystérieuse que celle des deux personnages de Fight Club liés par la schizophrénie. Lors des scènes d'amour ou de baston, rythmées et saccadées dans le style propre de Tsukamoto, il est parfois difficile de distinguer qui de Tsuda ou de Kojima est à l'écran.
De plus, la figure féminine d'Hizuru comme lien du triangle amoureux entre Tsuda et Kojima n'est pas sans rappeler celle de Marla Singer dans Fight Club.
Visuellement, on retrouve dans ces deux films un traitement homo-érotique de la baston et une fascination pour les marques physiques de la violence (plus sanguinolentes et grotesques dans Tokyo Fist).
La différence fondamentale entre Tokyo Fist et Fight Club réside néanmoins dans le caractère abstrait et implicite de la mise en scène de Tsukamoto. La critique sociale est ici magnifiquement suggérée par de nombreuses séquences visuelles d'un Tokyo tentaculaire. Le film de Tsukamoto est extraordinairement rythmé et rappelle, par moments, la folie visuelle de Tetsuo. Ce style particulier et son influence évidente sur Fight Club fait de Tokyo Fist un film incontournable.