Quant à la famille, l’économie de l’existence se divise en deux parties principales : production et consommation. La première est de beaucoup la plus rude j’en ai fait l’attribut de l’homme ; la seconde est plus facile, plus joyeuse : je l’ai réservée à la femme. L’homme laboure, sème, moissonne, moud le blé ; la femme fait cuire le pain et les gâteaux
Livre libre de droit qui m’a semblé intéressant de lire en pleine période de confinement. Ce n’est évidemment pas une lecture recommandable à une époque où le féminisme continue de s’affirmer, pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Que contient donc « La Pornocratie, ou les Femmes dans les temps modernes » ? N’est-ce pas une perte de temps que de lire un ouvrage sur le statut de la femme tel que perçu à sa date de publication en 1875 ? Dès le départ la femme doit pour Proudhon rester bien à sa place. Derrière les fourneaux et loin des postes à haute responsabilité. Elle doit aider l’homme à exploiter sa force. Lui doit en retour magnifier sa beauté:
Mais la puissance et la beauté, bien qu’aussi intimement unies par la matière et la forme, ne sont point une seule et même chose ; leur nature n’est point identique, leur action encore moins. Aucun effort de la pensée ne saurait les réduire à une commune expression. C’est ce qui fait qu’en dehors de la sexualité organique, il existe une différence que tout le monde sent et que la raison proclame irréductible entre l’homme et la femme.
La thèse principale de cet essai est que les différences entre l’homme et la femme amènent une certaine complémentarité. Mais la femme y est pourtant très souvent mal considérée et reléguée à des tâches ingrates. L’homme semble pour Proudhon le seul à être capable de grandes choses. Je n’avais encore rien lu de cet auteur, dont je ne connais l’influence que de nom. Il m’apparaissait révolutionnaire d’un point de vue social et politique par l’anarchisme dont j’avais si souvent entendu parler. Avec cet ouvrage, il semble de plus être particulièrement réactionnaire sur le plan sociétal. Il prône le mariage, la fidélité dans le couple. Bref, tout un tas de conceptions qui me semblent être d’arrière-garde aujourd’hui.
Je ne sais pas trop quoi penser de ce livre qui, bien que trop extrême aujourd’hui par sa misogynie rappelle à certains moments des traits naturels de l’homme et de la femme qui me semblent difficiles à nier. Il amène à prendre un peu de recul sur quelques outrances féministes actuelles. Mais cet ouvrage posthume et inachevé est bien souvent rétrograde. En atteste les références à cette pseudo-science qu’est la phrénologie. Je n’ai pas achevé cette lecture d’une autre époque, considérant que je gâchais mon temps. Je ne suis pas surpris que cet ouvrage puisse être exhumé par tous les chauvins d’aujourd’hui, cette lecture sent la boue et ne sert de caution qu’à une fachosphère qui tente par tous les moyens de rallier n’importe qui à leur cause. Poubelle.