Petit Rouge

Irish Legends for Children - Lady Gregory

21/02/2020

TAGS: gregory, contes

J’ai déjà un livre de contes celtes, mais j’ai eu pitié de celui-ci que j’ai trouvé abandonné dans la rue. Et les légendes qu’il contient m’étaient inconnues. Je savais d’avance que ce serait une lecture rapide. L’écriture est magnifique et les thématiques me parlent vu mon substrat Breton prononcé. Lady Gregory est une dramaturge de Galway qui a co-fondé l’Irish Literary Movement avec Yeats et d’autres artistes. Le premier et plus long conte du recueil intitulé « The Children of Lir » démarre tout de suite par la mort de la femme de Lir. Ses enfants subissent un sort jeté par la sorcière Aoife, leur belle-mère jalouse, qui les transforment en cygnes et les condamnent à épouser cette forme pendant 900 ans. Ce conte indique quelques-unes des tendances thématiques Celtes: la mort, la malédiction, la souffrance et le voyage initiatique. La longue traversée en mer que doivent endurer les quatre enfants-cygnes m’évoque l’épreuve de la dépression:

They were crying and lamenting the hardship of their lives, and the cold of the night and the greatness of the snow and the hardness of the wind, and after they had suffered cold to the end of a year, a worse night again came on them, in the middle of winter.

« The Coming of Finn » est le récit du voyage initiatique de Finn, que l’on retrouve dans les très courtes histoires suivantes, « Finn’s Household », « Birth of Bran », « Oisin’s Mother » et « The Best Men of the Fianna ». Le ton y est plus enfantin et merveilleux, moins désolé du coup. Finn est un guerrier de la mythologie irlandais qui apparaît être d’une grande sagesse.

Ces contes m’apparaissent moins morbides et mélancoliques que les légendes bretonnes. Peut-être suis-je biaisé, il s’agit de contes pour enfants. Peut-être que le folklore irlandais fourmille de personnages aussi lugubres que l’Ankou. Mais ce qu’il y a de dérangeant dans « The Children of Lir », c’est la teinte chrétienne qui s’immisce à la fin du récit et qui le rend complètement bâtard. Les Irlandais sont tellement chrétiens que cette histoire apparait presque trop artificielle, trop arrangée. Est-ce une déformation volontaire de Lady Gregory ? Je n’ai pas constaté cela dans les légendes bretonnes, qui me semblent plus païennes. Je me suis donc demandé si ces contes n’étaient pas un peu trafiqués. Le conte sert alors d’allégorie de la christianisation de l’Irlande, les enfants étant libérés de la magie païenne.