A force de traîner sur YouTube à la recherche d’informations supplémentaires sur ma philosophie de vie depuis des lustres qu’est le minimalisme, je suis tombé sur des critiques élogieuses de ce livre de Cal Newport. Je me demande bien comment j’ai pu me laisser happer au fil du temps par cette boulimie numérique qui gangrène le monde d’aujourd’hui. Il n’y a qu’à lever la tête, plus personne ne se regarde tellement nos yeux sont rivés sur les écrans de nos téléphones.
Le premier chapitre permet à l’auteur de mettre en évidence les mécanismes qui induisent notre addiction au numérique. En particulier notre besoin de reconnaissance sociale. Certaines des personnes ayant contribué à l’émergence de ces génératrices d’addiction sont citées. Elles sont d’ailleurs assez souvent revenues de leurs premières intentions mercantilistes. Il est bien évidemment question de captiver une audience à des fins publicitaires. Des lanceurs d’alerte, comme Tristan Harris ont été avant cela des créateurs de startups, des design thinkers ou des publicitaires décidés à donner du « temps de cerveau disponible » aux géants du numérique.
Cal Newport expose ensuite la philosophie derrière le minimalisme digital. En fournissant de nombreux exemples. Contrairement à ce que l’on observe assez souvent malheureusement chez les minimalistes, il ne s’agit pas pour lui de renoncer aux choses de manière extrême. Il est plutôt question ici de repenser notre mode de vie, plutôt que de donner des règles à respecter sous le dogme sacré du minimalisme. Mais Newport a passé tout le premier chapitre à détailler l’addiction au numérique, aussi des conseils ou recommandations restrictives apparaissent inévitables.
Qu’est-ce que le minimalisme digital donc ? Il s’agit pour Newport d’une optimisation et d’une mise en ordre de notre vie numérique. On retrouve chez lui des termes très utilisés chez les minimalistes (comme « clutter » par exemple). Il est question de ranger et de supprimer des habitudes non optimales. Tout cela afin de nous aider à dégager du temps libre. Newport cite Henry David Thoreau comme exemple pour justifier la perte de temps et d’énergie que suscitent les artefacts de notre vie numérique. Ou alors la communauté Amish pour leur rejet sélectif de la technologie.
L’idée centrale du minimalisme en général est résumée par la formule « less is more ». Ce livre ne fait pas défaut à cette formule, et Newport dédie un chapitre entier à cette forme de rangement et de sélection de l’essentiel que les anglo-saxons appellent « decluttering » (désencombrement).
La deuxième partie de l’essai met l’accent sur les bénéfices du minimalisme digital. Il est notamment question de créer de la solitude pour se retrouver soi-même. Newport propose pour cela de mettre de côté nos téléphones. Il propose d’autre type de dispositifs comportementaux comme le fait de ne plus valider le contenu des réseaux sociaux ou de réclamer du divertissement autre que numérique. J’ai survolé cette partie, qui m’a semblé plus ennuyeuse et prône aux conseils minimalistes dogmatiques. Même si je pratique certains d’entre eux naturellement (comme le « downgrading » pour les téléphones).
Je crois qu’une fois la prise de conscience que ce livre induit, il est préférable de trouver soi-même les solutions pour devenir un minimaliste du numérique. Des pistes sont les bienvenues, mais j’ai trouvé que cette deuxième partie était bien trop longue. Il ne m’a pas semblé nécessaire de devoir justifier chaque conseil. Néanmoins, j’ai trouvé que l’auteur apportait suffisamment de nuance dans ses recommandations pour éviter d’ériger des dogmes.