Petit Rouge

Orwell éducateur - Jean-Claude Michéa

16/07/2019

TAGS: michea, essai

Je me suis demandé en cours de lecture si je ne l’avais pas déjà lu tant Michéa a presque basé sa carrière sur un seul livre. Chronologiquement le livre tient la route. Mais je l’ai lu bien trop tard pour l’apprécier à sa juste valeur. En tout cas bien après m’être gavé de ses livres ultérieurs.

Orwell éducateur donc. La « common decency », la capacité d’Orwell à écrire simplement pour analyser la réalité et la vérité. Michéa nous rappelle qu’Orwell a fustigé toute sa vie les forces qui écrasent l’être humain, les sociétés. Y compris le capitalisme (le fascisme de la société de consommation de Pasolini y est évoqué, bien judicieusement).

Michéa comme à son habitude convoque Marcel Mauss, Christopher Lasch et Pier Paolo Pasolini en renforts objectifs d’Orwell. Bien que l’ouvrage cette fois-ci m’ait interpellé sur mon égoïsme, qui bien que compris dans le sens Stirnerien (donc avec une possibilité d’association) n’en reste pas moins un des éléments clé, un des piliers du libéralisme économique. Je suis en face d’une contraction interne: comment puis-je continuer à me revendiquer de Stirner et en même temps adhérer à Michéa, et donc à Orwell ? Est-ce lié à une éducation religieuse modérée ou le fruit d’une éducation exemplaire ? Peut-être comme Orwell le fait d’avoir vécu de l’intérieur la dure condition ouvrière et des inégalités.

Je sais au final que Michéa et Orwell ouvrent une voie exemplaire. Le bon sens nous oblige à adhérer à ces discours. Mais n’est-il pas trop tard ? Ne baignons-nous pas déjà dans l’égoïsme le plus sauvage ? En tant que petit-bourgeois, heureusement que Michéa est là pour nous donner quelques piqûres de rappel.