Petit Rouge

Extension du domaine de la lutte - Michel Houellebecq

27/04/2019

TAGS: houellebecq, roman

On m’a tellement parlé de ce livre comme du meilleur Houellebecq. C’est vrai, c’est pas trop mal. Très déprimant. Rarement drôle, voire jamais. On ne peut pas lui enlever le fait d’avoir des idées originales. Pour le narrateur, la vie sexuelle est une extension du domaine de la lutte des classes. Il montre à travers la description cruelle de certains personnages le fait que l’on peut réussir socialement et échouer sur le plan affectif. Le narrateur constate, est complètement distancié du monde. Il travaille dans le tertiaire, l’informatique. Sa vie n’a pas de sens. Il ne baise pas, et ne semble pas en avoir envie. C’est un psychopathe en puissance qui souhaite que son collègue Tisserand, laid comme un pou, commette un meurtre.

Que penser de ce roman au final ? Si le propos est de montrer que l’homme sans amour se déshumanise dans des métiers abstraits et absurdes, c’est réussi. Si par contre on doit se tailler les veines parce qu’on ne reçoit pas d’amour c’est dommage. Ce roman a dû être écrit à une époque où il devait être à la mode de se morfondre. Il est tellement plus facile d’écrire un roman sur notre propre médiocrité que sur notre capacité à se transcender. Je n’aime pas ce roman, je n’aime pas Houellebecq. C’est pas trop mal écrit, il y a quelques idées originales. Mais tout cela me semble trop facile. Un roman de dépressif pour un monde déjà dépressif, est-ce audacieux ? Un monde malade, dépressif n’a pas besoin d’une gerbe de pessimisme. Evidemment, il aurait plutôt besoin de rêver. Ce nihilisme de Houellebecq est donc finalement trop gerbant pour être encensé.