Quel bijou de SF que j’ai tant tardé à lire ! Ce livre est découpé en huit contes recueillis par les chiens sur l’histoire de l’homme. A-t-il vraiment existé ? Comment a-t-il disparu ? Quelle a été son influence à travers les âges ?
A travers le parcours d’une lignée de scientifiques pionniers (la famille Webster), Simak va tenter d’expliquer les causes hypothétiques de l’extinction de l’homme à travers le regard des chiens.
Les chiens obtiennent la parole grâce à Bruce Webster et côtoient l’homme dans ses plus grands achèvements: la conquête de l’espace, la découverte d’un paradis sur Jupiter…
L’idée du recenseur Grant qui côtoie Nathanaël, le premier chien doué de parole, est d’encourager la cohabitation entre l’homme et le chien. Le chien évolue, assisté par les robots, et par sa perception propre développe une civilisation respectueuse de la vie et de la nature.
Qu’est-ce qui caractérise mieux l’homme que sa quête prométhéenne vers le progrès ?
« Demain les chiens » fait cohabiter les hommes, les chiens, des robots et des mutants sur plusieurs millénaires.
Jenkins le robot témoin de toute l’histoire sur presque 12000 années constate à la fin du dernier conte l’impossibilité d’influer sur l’évolution des espèces. Pour se terminer par une menace sur la civilisation des chiens par des fourmis intelligentes. Il serait nécessaire de les tuer, ce qu’il n’est pas possible de faire dans la civilisation canine.
Ôde à la nature et à la complicité inébranlable de l’homme et du chien, « Demain les chiens » est un roman d’anticipation presque métaphysique. Il pose la question du rôle de l’homme, de ses limites et de ses motivations. Sans doute très idéaliste (l’homme se débarrasse du meurtre et de la violence au cours de l’histoire), ce roman interroge sur le but de la vie humaine. Simak insiste sur les limites de l’homme: qui ne peut pas percevoir d’autres réalités (contrairement aux chiens), qui fait preuve d’un déficit d’intelligence contrairement aux mutants (dont Joe est le représentant principal au cours du roman) et qui ne peut se débarrasser de ses défauts (la quête de gloire en particulier).
Ecrit en 1952, ce roman occulte néanmoins les vrais défauts de l’homme (la guerre, l’impossibilité de ne pas recourir à la violence, le non-respect de la nature…) pour se concentrer sur l’évolution et la motivation principale de l’homme: le progrès. C’est sans doute, d’après Simak, ce qui cause ultimement sa perte. L’homme ne semble pas capable de renoncer à ce concept et se laisser vivre en harmonie avec la nature.
Si certains aspects du roman peuvent apparaître incorrects (le premier conte décrit l’exode rural de l’homme, ce qui semble contre-intuitif par rapport à la concentration urbaine qui caractérise nos vies modernes), il doit cependant se lire comme une fable. Il se concentre davantage sur le mythe prométhéen et les théories darwinistes.
Cette chronique est très décousue, car le roman entremêle différentes entités, sur une grosse période temporelle et semble parfois partir un peu dans tous les sens. Il m’est difficile de le résumer mais il me laisse une impression très touchante. Si on écarte les quelques incohérences sur la nature réelle de l’homme et que l’on se concentre sur le propos de Simak, « Demain les chiens » est une lecture rafraîchissante qui bien qu’un peu désuète aujourd’hui montre le rôle fondamental de la science-fiction dans la littérature: celle de bousculer le lecteur sur le futur de l’homme et de ses traits principaux. Ce que Simak réussit à merveille.