Cela faisait quelques années déjà que je voulais lire Maïakovski, sans trop savoir où piocher. Je me suis décidé à attaquer cette anthologie (qui n’en est pas vraiment une, vu qu’elle propose parfois que quelques fragments de poèmes). C’est chose faite, et je ne suis pas du tout convaincu. Affilié aux futuristes, Maïakovski semble être surtout connu pour être le poète de la révolution soviétique. Le long poème dédié à Lénine en atteste. Les futuristes voulaient, comme les surréalistes et les dadaïstes, dépasser l’art. Je n’ai été que trop rarement transporté par ces vers sans trop de sens. Tout semble un peu trop sans queue ni tête. Mégalos souvent. Les premiers poèmes sont moins politiques, moins engagés et traitent la vie, l’homme et l’amour sans réelles fulgurances.
L’engagement de Maïakovski est déroutant. Il entend au début du poème sur Lénine rappeler que ce dernier était un homme avant tout mais se termine par un culte de la personnalité dérangeant. Et cette fascination pour la violence révolutionnaire me gène:
S’il doit frapper pour que sous lui ruisselle le trottoir, une dictature de fer est la seule clé de la victoire (Vladimir Illitch Lénine).
Le rythme imposé par les derniers poèmes est pourtant intéressant. Maïakovski éclate leur structure et la réorganise à sa manière, ce qui « accélère » sa lecture et leur donne du mouvement. Mais comme de nombreux artistes de son époque, il n’évite pas de tomber dans le piège de la propagande, de l’idéologie. Ce que Stirner avait décelé, lui qui n’a mis « sa cause en rien ». Maïakovski se suicide en 1930, après des déboires sentimentaux et politiques.
Cette rue est depuis mille ans la rue Maïakovski. C’est ici qu’il s’est tué à la porte de sa bien-aimée. Qui ? Je me suis suicidé ? Ce qu’on peut dire ! (L’homme - Maïakovski aux siècles)
Maïakovski ne tombera pas dans le piège fasciste, contrairement à Marinetti, mais sera loué par Staline quelques années après sa mort, et je ne suis pas sûr que ce ne soit guère mieux.