Petit Rouge

Maus - Art Spiegelman

28/07/2018

TAGS: spiegelman, bd

Je relis ce chef-d’œuvre de la bande-dessinée plus de dix ans après ma première lecture et le choc est toujours là. L’horreur des camps, la folie nazie, l’innommable. Tout est maitrisé, le dessin brut et graineux sied parfaitement au récit. Le caractère animalier évidemment (les juifs en souris, les nazis persécuteurs en chats, les américains sauveurs en chiens…). Art Spiegelman est critique, il scrute les détails, remet en cause. Plusieurs fois au cours de ma lecture je me suis dit que ce n’était pas possible, que ça n’a pas pu avoir eu lieu. Je ne pense pas que les négationnistes ont ce sentiment. Ce qui est évident, et ça arrive à la fin du récit, c’est que cette horreur semble n’avoir servi à rien. Vladek Siegelman, survivant des camps et victime du racisme le plus violent, fait preuve de racisme et d’intolérance à son tour lorsqu’il décrit les noirs comme des moins que rien. L’incompréhension de Françoise, femme d’Art Spiegelman en atteste, elle qui décide de prendre l’auto-stoppeur noir. Le récit est personnalisé. L’auteur décrit la difficulté d’être un survivant de l’holocauste. Son refus de pérenniser son succès commercial et critique montre que sa démarche cathartique est purement artistique et s’inscrit dans le devoir de mémoire. Spiegelman n’omet pas de mentionner le caractère aléatoire d’une survie des camps. On y voit des juifs persécuteurs, délateurs, prêts à donner leurs semblables pour éviter l’horreur. L’humanité crasse est retranscrite à tous les niveaux.