Ce texte ne serait-il pas perdu si Sarah Kane ne s'était pas suicidée ? Pourtant il est bon. Je n'ai pas trouvé cela exceptionnel, mais incroyablement sincère malgré tout. Et cela me parle, évidemment. Je connais une bonne partie des médicaments qu'elle cite, les TS, les ruminations suicidaires. Je suis touché par l'effort dans la forme de ce monologue qui est semble-t-il une pièce de théâtre. Sommes-nous à l'asile ? Sa dépiction de ce versant de la maladie me gène, c'est celui que l'on veut tous éviter. Si elle n'était pas morte je relèguerais cela au niveau de Cioran et à tous ces petits cons qui font du nihilisme radical pour impressionner les adolescents mal dans leur peau. Mais c'est sincère. Ça marche. Je comprends le besoin d'exprimer le mal-être. Mais je préfère me tourner (et de loin) vers la transcendance proposée par Artaud. La folie créatrice. On n'appelle plus vraiment la rumination suicidaire folie, sauf quand elle est mélancolique. Mais c'est quand même la première fois que je lis une œuvre qui ressemble à ce que j'ai vécu. C'est sans doute pour cela que j'en resterai loin.