Conseillé par les gars sympathiques de chez Quilombo, ce livre lu en 2016 cristallisait cette envie d’en finir avec les machines, la technologie. Je n’ai pas jugé utile d’en faire un compte-rendu à l’époque puisque je baignais dans l’anti-technologie. Mais je reviens là-dessus car son actualité est évidente. Le fantasme d’un retour à l’état primitif est tentant. Sans être jusqu’au-boutiste dans la démarche il semblerait pourtant idéal que le peuple ait en sa possession une bombe numérique pour mettre un terme aux agissements des puissances, des multinationales. Forster raconte l’assistanat dans un monde où tout est machine. L’homme n’est plus et le protagoniste principal va tenter de s’en extirper.
La vision radicale de Forster est actuelle car personne aujourd’hui n’envisage de détruire cette gigantesque poubelle qu’est Internet.
Dans cette nouvelle, il semble inenvisageable aux protagonistes de vivre sans la machine. Elle fait partie de nous. Sans aller aussi loin que Gibson, Forster fait preuve d’une clairvoyance incroyable pour l’époque quand il décrit cette interface homme-machine en avance de phase, bien avant le techno-neural. Cette façon dont la machine envahit nos vies. Une construction humaine hors de contrôle.
Et l’effondrement au final. Personne ne semble vouloir repenser le progrès. Ellul a disparu, les données numériques privées sont aux mains des grandes multinationales de la machine. On est déjà dans un état de dépendance totale à la machine.
Est-ce que l’effondrement prévu par Forster est susceptible d’arriver un jour ? On peut en douter.
C’était jouissif pour moi de lire ce livre, moi qui fantasmais détruire Internet en 2008, dès le début de ma carrière d’ingénieur. Toutes ces dernières années ont été calquées sur le parcours du héros, en ayant pour seul objectif de sortir de la machine comme lui. Mais le héros n’a pas eu peur d’affronter une vie d’ermite, de solitude. Marginalisé par son entourage, le système.
Je fantasme toujours la destruction d’Internet et la réalisation de cette bombe numérique que j’ai conceptualisée. A mettre dans les mains du peuple pour détruire toute vie numérique et lui donner de nouveau l’arme qui lui permettra d’exercer son droit souverain sur sa vie.