Premier roman de la "Bridge Trilogy", après la "Sprawl Trilogy" ("Neuromancer", "Count Zero" et "Mona Lisa Overdrive") qui a radicalement transformé la science-fiction.
Moins visionnaire que "Neuromancer". Moins de science-fiction, mais plus d'anticipation sociale. Dans ce futur, les inégalités sociales sont poussées à l'extrême. L'intuition que les riches seront demain toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres était déjà palpable dans la première trilogie.
Dans "Neuromancer", Gibson évitait les descriptions pseudo-scientifiques ou technologiques pour soutenir les concepts abstraits qu'il imaginait alors. Il était impossible d'imaginer comment l'homme s'interfaçait avec la machine parce que les descriptions technologiques l'expliquant étaient absentes du roman. Le cyber-espace, la matrice, restaient suffisamment flous du point de vue de leur réalisation ou concrétisation pour exister en tant que concepts pérennes et actuels. Actuels, parce que des descriptions technologiques cryptiques auraient rendu ces concepts obsolètes par l'incohérence technologique du présent.
Cronenberg avec Existenz aura concrétisé visuellement une possible interface homme-machine ou techno-neurale (organique ici, impliquant chez lui beaucoup de psycho-sexuel).
Dans "Virtual Light", le futur se réalise dans un monde où le lecteur a des repères concrets. Les lunettes de réalité virtuelle, seul artéfact futuriste du roman, sont moins abstraites qu'une matrice de données.
Le roman est moins intéressant, parce que confus. Le Deux Ex Machina donne le sentiment que la fin du roman a été bâclée. Les personnages sont plus banals que dans "Neuromancer", et ne transmettent rien.